lundi 19 novembre 2018

Dialogue en un instant de vie, entre Jo et un interlocuteur qui n’est pas Jo (c’est tout ce que l’on sait de lui). Par Jo Galetas



« Jo, parle. 
- De quoi ? 
- De ce que tu veux. C’est l’heure de ton monologue. 
- Bien. Chacun satisfait son besoin de sensualité comme il peut. Certains hommes vont directement à la source en s’entourant de femmes. J’ai connu quelqu’un qui passait des heures à regarder la danse et le déhanchement des drapeaux au vent, si proches de la frénésie des danseuses de flamenco. Vous savez, celles qui dansent sans se soucier de rien, qu’elles aient un public ou non, qu’il soit le bon moment ou non, qu’on les apprécie ou non. Personnellement, je me délecte à laisser couler dans mon oreille l’huile raffinée que constitue la voix de beaucoup de présentatrices et intervenantes radio. Vous savez, ces voix. Douces de soie et fluides d’huile. La source semble ne jamais se tarir même si parfois elle craque ou  grésille. A ce moment, je suis comme paralysé, pris de frissons et de tremblements, comme un fétu au cœur du vent, et pourtant si calme. Tout peut se passer pendant que se déroule une voix comme celles-ci, mais rien n’atteindra mon esprit. Jusqu’à nouvel off. Vous savez, ces voix, ces voix. L’absence de perturbation se double toujours d’une autre absence, celle de l’envie d’en savoir plus, l’envie de voir le visage derrière la voix. Après tout, gardons secret ce frémissement féminin en n’en dévoilant pas sa source. Le plaisir restera celui de l’imagination et de la supposition. 
- Tu sous-entends que les femmes n’ont rien de vraiment intéressant à dire, dans le fond ? 
- Je croyais que j’avais le droit à un monologue. Quand bien même tu serais poli, tu aurais faux. Les femmes ont l’avantage de la forme, certes, mais dans le fond… 
- Dans le fond ? 
- Tous, mâles et femelles, sont pareils. 
- C’est-à-dire ? 
- Ils lisent ce qui est écrit sur le papier. » 
 

1 commentaire:

Adieu collines - poème d'Estelle Sciortino

Dans de grands champs de visions, je chassais l'élan Sûre qu'un jour, mon nom se pendrait à l'horizon Je me disais...