J’étais là, dans ma chambre,
assise par terre, recroquevillée dans un coin, les yeux fixes, le regard vide.
J’étais comme ça depuis quand ? Je ne sais pas ! Peut-être des
heures, peut-être des jours, peut-être davantage… Je n’avais plus aucune notion
du temps qui passait !
Une image m’apparut.
Irrésistiblement, un sourire se dessina sur mes lèvres, comme un rictus
incompréhensible. Et là, je commençai à rire. Hi… Hi… d’un rire saccadé de plus
en plus violent, de plus en plus bestial. Je riais sans raison, sans savoir
pourquoi. J’étais comme ivre. Ce rire n’avait plus rien d’humain. A la fin, ce
ne fut même plus des rires, ni des cris, mais des hurlements venus des
profondeurs de l’enfer. C’était comme si un démon avait pris possession de mon
corps. Ma tête se convulsait dans tous les sens.
Malgré tout, au bout d’un
moment, je réussis à me lever. L’image se précisait. Je vis un chemin au milieu
d’une forêt. Je me mis à courir, à courir comme une folle. Quelque chose me
faisait peur, très peur. Mais je n’arrivais pas à savoir ce que c’était.
J’étais tellement paniquée que je me prenais de pleine face chaque arbre qui
surgissait brutalement devant moi. Mais ces arbres avaient quelque chose
d’étrange, de doux et de souple.
J’eus alors quelques instants
de lucidité. Les arbres disparurent et, autour de moi, je vis une pièce vide
avec des murs blancs molletonnés. Deux hommes habillés en blanc entrèrent aussitôt,
l’air sinistres. Plus ces hommes s’approchaient, plus je reculais, effrayée,
les yeux exorbités de terreur. J’étais prise au piège ! Personne pour
m’aider. Je voyais cette seringue qui me menaçait… Ils parlaient entre eux à
voix basse, comme s’ils voulaient me cacher quelque chose.
Brusquement, un souvenir
surgit du passé.
Je me vis danser autour d’un
feu, nue. Je riais et pleurais à la fois. Je levais les bras vers le ciel,
comme pour une prière, implorant la miséricorde. Espérant ne plus souffrir, ne
plus me sentir sale, mais lavée de toute impureté. Je tournais et tournais
autour de ces flammes terrifiantes qui montaient vers des cieux indifférents à
mes tourments. Au milieu, un corps brûlé pendait au bout d’une corde, accroché
à la plus haute branche d’un arbre mort. Un peu plus loin, derrière l’écran de
fumée, j’aperçus deux silhouettes. Deux silhouettes humaines… Deux silhouettes
qui m’étaient très familières ! Je m’approchai d’elles, en sueur. Un homme
et une femme étaient attachés à un arbre… Je les reconnus. C’étaient mes
parents. J’avançai encore, presque à les toucher, je me plantai devant eux… Je
répétais sans cesse :
- Pourquoi ? Pourquoi
n’avez-vous rien fait ?
Ils savaient. Je sentais
leurs regards accusateurs dirigés vers moi. Oui, c’est moi qu’ils jugeaient. Et
pas lui.
Ensuite, je me suis
effondrée. Puis ce fut le vide, le noir complet, sans une lueur d’espoir.
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