mercredi 5 juin 2019

Adieu collines - poème d'Estelle Sciortino




Dans de grands champs de visions, je chassais l'élan

Sûre qu'un jour, mon nom se pendrait à l'horizon

Je me disais que « plus tard » était une ville-dortoir

Trop éloignée

Qu'il fallait rester en jeunesse et dans son ventre,

Affamer les lettres de l'espoir

Je soufflais sur la lune pour la faire rouler

Et d'autres choses démesurées,

Qui font la prétention de la naïveté

Mais, tandis que j'écrivais ces lignes,

« Plus tard » s'est rapprochée

Les collines orange sont devenues unique tranchée

Un passage obligatoire

Du présent au raté,

De la jeunesse...à la chair-dortoir

Je marche maintenant sur des morceaux d'avant, des débris d'envie

Dans des bruits d'acier ambulant, et d'enjambées traînant la vie.

Mes amis sont des ombres

Je veux crier, je veux crier fort

Que j'étouffe dedans, que j'étouffe dehors

Mais RIEN

Mes cris restent accrochés à mes viscères

Comme un petit enfant contre sa mère

Les ondes de ma jeunesse luttent pour rêver

Et j'ai fini par me dire

Qu'on ne devenait pas plus sage à vieillir

Mais seulement plus résigné.



4 commentaires:

  1. Ce texte m'a boulversé du début à la fin. Le choix des mots.
    Merci pour l'émotion

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  2. Ce texte est vraiment magnifique Estelle.

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  3. wow ce texte est très puissant

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  4. Un souffle émouvant, une belle lecture, merci

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Adieu collines - poème d'Estelle Sciortino

Dans de grands champs de visions, je chassais l'élan Sûre qu'un jour, mon nom se pendrait à l'horizon Je me disais...