Bel homme maudit par tes
frères,
toi qui fut un temps fort
et fier,
toi qui fut damné par
dégoût ,
toi à qui l’on brisa le
cou ;
quel coup pendable as-tu
joué ?
À qui tes coups ont-ils
coûté ?
Était-ce une femme que tu meurtris ?
Était-ce un semblable, un
ami ?
As-tu senti scrupule amer
quand tu t’es su voué aux
vers ?
Bel homme pendu par tes
pairs
toi qui flotte enfin dans
les airs,
Entends-tu la sombre
requête
qui monte à travers les
pâquerettes ?
- Je veux de ta peau brune
faire conquête...
laisse-toi découler
jusqu’à ma bouche.
laisse-moi savamment savourer
dans la moiteur de cette
terre
la dernière semence d’un
homme encore vert
qui, de trépas,
terminera en enfer.
Laisse-toi dériver.
Laisse-moi absorber
ta part liquide
en mon antre fibreux.
Je saurai ranimer
au poison de mon feu
les cendres de ton âme.
Je saurai trouver corps
à ton esprit impieux .
Il suffit de céder
avant que le fil ténu
entre muscles et atma
ne vienne à lâcher .
Et le macchabée de
répondre :
- Je suis mauvais ; non
lâche !
Je préférerais fondre ;
me voir percé d’un pieu !
Plutôt , avec ma mort,
être pendu encore,
écorché, calciné
que de me laisser prendre
à ton jeu licencieux –
ô varice carnivore
qui caresse mes pieds.
- Soit , si c’est ton vœu.
Mais prends bien garde
alors …
Si, dans ton dernier
ébranlement,
tu te berces et t’endors
au bout de ton lacet
funeste,
J’insinuerais au fil du
rêve
des mirages indécents.
Je récolterais les restes
de ton agonie lascive.
Je volerais l’albe de sève
dans mes feuilles
abusives.
J’obtiendrai par la ruse
ce que tu me refuses.
Ça te surprend Trésor ?
Il faut que je survive ;
que je me perpétue...
Le cri de Mandragore
qui rend fou et qui tue
résonnera encore ...
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