mercredi 7 novembre 2018

Pour inaugurer ce blog... Revue littéraire dont la seule contrainte sera la Liberté



Nous vivons dans une époque où l'Art, la Littérature, la Poésie sont totalement subordonnés à l'Idéologie. La liberté d'expression menace d'étouffer dans ces conditions ; les écrivains contemporains sont systématiquement attaqués par des censeurs en raison des opinions politiques qu'ils leur supposent, le plus souvent à tort (un véritable artiste oublie la politique dès lors qu'il se met à créer). Ce qu'il y a de vraiment stupéfiant, c'est que les grands morts eux-mêmes n'échappent pas à ces attaques grotesques, et totalement déplacées.
Un exemple : j'ai lu dernièrement un article sur Baudelaire publié sur le site mediapart vers 2013, article bêtement intitulé Le Cas Baudelaire.  Cette feuille de chou virtuelle ne mériterait même pas d'être mentionnée, si son auteur n'y faisait pas preuve d'une vulgarité et d'une mauvaise foi qui sont, à mon avis, révélatrices du climat de haine des arts qui règne au XXIe siècle. 
Comme chacun sait, Baudelaire a laissé un livre posthume appelé : Mon cœur mis à nu. Quelques phrases tirées de ce livre permettent à mon pisse-copie de qualifier "d'odieux" l'auteur des Fleurs du mal. Ces phrases, on les connaît très bien ("La femme est naturelle, donc abominable", etc.) et on connaît surtout trop bien quel genre d'imbécilités ont déjà pu jaillir, d'une façon torrentielle, des plumes pharisiennes d'une armée de petits idéologues au rabais, soucieux d'exhiber leurs belles âmes. 
Baudelaire eut l'incroyable honnêteté de nous dévoiler ce qui vivait au fond de son cœur - ce qui est l'apanage des poètes véritables. Si le glorieux auteur de cet article daignait sonder le fond de son propre cœur, plutôt que de se gargariser avec ses bonnes intentions,  n'y trouverait-il pas aussi quelques ordures ?
 L'auteur du torchon de mediapart reproche, entre autres, à Baudelaire la phrase suivante : "Un homme utile m'a toujours paru quelque chose de bien hideux" (phrase que Baudelaire n'a d'ailleurs jamais écrite : le texte original dit : "Être un homme utile m'a toujours paru quelque chose de bien hideux", ce qui n'a pas du tout le même sens...). Si on essaye de comprendre  la véritable signification de cette phrase, passée la première réaction stupide d'indignation, on se rend compte qu'elle ne véhicule pas tant le mépris des classes laborieuses que le mépris de la vulgarité - quoi de plus vulgaire, en effet, que d'estimer ou d'aimer un homme en raison de son utilité ? Que penserait-on en effet du quidam s'exclamant : 
- J 'aime beaucoup ma femme, parce qu'elle m'est très utile ?
"Tout ce qui est utile est laid, a dit Théophile Gautier... La pièce la plus utile d'une maison, ce sont les latrines."
Ce culte de l'Utile, qui va de pair avec un mépris de l'humain sous toutes ses formes, est si solidement ancré dans les cerveaux maladifs de nos contemporains, qu'ils n'en perçoivent même plus l'ignominie. Mais nous nous écartons peut-être de notre sujet : l'Art- le seul sujet qui vaille. 
Le Dieu de l'Argent, et celui de la Masturbation se voient plus que jamais honorés aujourd'hui, à tel point que mes semblables ont perdu toute notion de ce qu'est une œuvre d'art. 
 Un véritable artiste nourrit son œuvre de son propre sang ; et qui peut prétendre qu'il a le sang pur ?
Le génie d'un grand poète consiste d'ailleurs à transformer ces "ordures" en or, car l'Art du poète, du vrai poète, c'est d'être un alchimiste... Tout le monde sait cela - sauf les écrivaillons de mediapart, pour l'excellente raison qu'ils ne veulent pas le savoir.
Le but de notre nouveau blog, ou de notre nouvelle revue, si vous le préférez : Les Caprices de la femme en rouge, sera rien moins que d'essayer de nager à contre-courant, de ne pas se soumettre à l'esprit de notre époque. Ici, l'Art et, plus globalement, l'esprit humain ne seront pas vendus aux enchères (comme le dit Emily Dickinson), et encore moins prostitués à l'Idéologie ou livrés en pâture au Veau d'Or, qui se roule matin et soir dans la fange des idées. Nos rédacteurs pourront avoir des opinions politiques et, qui sait, peut-être allez-vous les percevoir ; pour ma part je m'en moque éperdument. C'est la beauté, et elle seule, qui sera l'objet de ma quête. Tous les écrits publiés ici le seront pour des raisons esthétiques.  Sur ce nouveau blog, ou cette nouvelle revue, si vous préférez, une seule et unique contrainte sera imposée aux rédacteurs : se soumettre comme à une déité à cette liberté absolue que les artistes se doivent à eux-mêmes.


Gontran Jouaillot de Ganimède, rédacteur en chef. 


"Les Caprices de la femme en rouge... j'aime ce titre, j'associe le caprice à la fantaisie, l'exigence, la luxure, la cupidité, l'inassouvissement, et le rouge, c'est voyant. La femme en rouge exprime pour moi la sensualité, le travestissement aussi, la part féminine en chaque artiste, sa créativité féconde. Il y a aussi une impression d'exubérance, de passion." Spacypulp, du forum Jeunes écrivains
  


POUR SOUMETTRE UN MANUSCRIT : Adressez vos fichiers PDF à joachimgarcia41@gmail.com 
 



4 commentaires:

  1. Bonjour,
    A quelle adresse mail doit-on vous faire parvenir nos écrits afin de les vous proposer?

    Merci beaucoup par avance
    Alice

    RépondreSupprimer
  2. Bravo pour ce souffle nouveau. J'aime l'idée de ne jamais connaître la couleur des sous vêtements de cette Dame mais d'en découvrir ses traits d'esprit et les courbes de son âme.
    Il y a des lieux inexplorés qui lavent l'esprit; des sanctuaires contre marée ou seul le vent fait son ouvrage. Merci d'exister

    RépondreSupprimer

Adieu collines - poème d'Estelle Sciortino

Dans de grands champs de visions, je chassais l'élan Sûre qu'un jour, mon nom se pendrait à l'horizon Je me disais...